Peut-on réellement parler de sneakers sans évoquer la Stan Smith ?
La question mérite d’être posée à l’heure où la célèbre basket d’adidas est en train de revenir en force sur le marché, grâce notamment à une campagne de communication rondement menée par le fleuron du sportswear allemand pour en promouvoir les nouvelles versions éco-responsables. Issues d’un programme baptisé Primegreen, sur lequel nous aurons l’occasion de revenir plus tard dans ce même article, ces Stan plus vertes que jamais viennent aussi et surtout nous prouver que les classiques de la marque aux 3 bandes ont définitivement la vie dure, à tel point qu’elle semble tout simplement incapable de s’en séparer, ou tout du moins de proposer à ses fans une réelle alternative.
Stan Smith : une tennis culte dans la rue depuis l’essor du phénomène sneakers.
Mais après tout, pourquoi changer une équipe qui gagne ? S’il est vrai que l’outrageux succès de la Stan Smith continue d’hérisser le poil de ses détracteurs, adidas n’a pas d’intérêt à la remplacer. Fortes de ce constat, ses divisions créatives et marketing ont logiquement décidé d’assurer la pérennité du modèle qui date pour rappel de 1964.
C’est effectivement au début des années 1960 qu’addidas a sollicité un jeune tennisman français nommé Robert Haillet pour concevoir une paire de chaussures qui lui permettrait d’investir les courts de tennis à l’heure où l’incontournable sport de raquette était en plein essor. En 1964, ce dernier a livré sa copie à la firme d’outre-Rhin qui l’a immédiatement exploitée en vue d’une commercialisation d’abord nationale. Dotée d’une tige basse en cuir souple montée sur une semelle en caoutchouc, la silhouette qui porta dans un premier temps le nom de son créateur fit rapidement l’unanimité, poussant adidas à voir plus grand avant que ses concurrents n’investissent à leur tour le marché.
Une petite Frenchie à l’assaut des USA.
C’est logiquement vers les Etats-Unis, terre de grandeur par excellence, que les regards se tournèrent. Afin d’y populariser sa chaussure avec autant de réussite qu’en France, il fut décidé de la renommer. La suite, tout le monde la connaît. C’est Stanley Smith, le numéro un mondial de l’époque, qui en devint l’égérie dans le cadre d’un partenariat qui le lit d’ailleurs toujours à l’équipementier. La Stan Smith telle que nous la connaissons aujourd’hui est alors née, dans un style fidèle à celui initié par Robert Haillet quelques années plus tôt. Un style auquel fut ajouté dès 1973 le portrait du tennisman américain, sur le haut de la languette des lacets. Vous savez ainsi désormais qui est ce fameux moustachu qui s’affiche de la sorte sur vos baskets !
La doyenne des chaussures de tennis a régné sur les courts jusqu’à l’explosion du phénomène sneakers dans le milieu des années 1980. Eclipsée par des modèles pourvus de technologies innovantes et de ce fait garants d’un meilleur confort, elle était condamnée à disparaître de la circulation. C’était toutefois sans compter sur le salut des rappeurs du groupe Run-DMC qui, en plaçant la Superstar sous le feu des projecteurs en 1986, ont contribué à populariser les autres classiques d’adidas et de sa division adidas Originals, à commencer par la Stan Smith. C’est à ce moment précis que les amateurs de mode streetwear ont découvert son design dont la redoutable efficacité repose en grande partie sur sa simplicité, ainsi que son confort devenu presque légendaire.
Incarnée par l’emblématique coloris blanc et vert, auxquels une multitude d’autres viennent perpétuellement se greffer pour répondre aux besoins et aux attentes du plus grand nombre, l’ancienne chaussure de tennis s’est imposée comme une icône consacrée par son entrée dans le livre des Guinness des records en 1990, après qu’il s’en soit vendu plus de 22 millions d’exemplaires à travers le monde, faisant officiellement d’elle la basket la plus populaire.
Au début des années 80, je me souviens des soirées
Où l’ambiance était chaude et les mecs rentraient
Stan Smith aux pieds, le regard froid
Ils scrutaient la salle le trois-quart en cuir roulé autour du bras
Voilà comment la Stan Smith a conquis la rue, bien aidée ensuite par les marseillais d’IAM et leur titre mythique ‘’Je danse le MIA’’.
Pourquoi la Stan Smith reste-t-elle incontournable ? Le secret d’un succès intemporel.
Conformément à ce que nous évoquions en introduction, la tennis iconique d’adidas est régulièrement sujette à des critiques plus ou moins virulentes qui émanent de certains sneakers addicts excédés de la voir à tout bout de champ dès qu’ils mettent un pied dehors. Il faut dire qu’au-delà de sa popularité colossale, la Stan Smith n’a pratiquement pas changé en l’espace de quasiment 60 ans. Nous pouvons donc comprendre que son omniprésence ne soit pas du goût de tous.
Il faut cependant reconnaître que rares sont les modèles qui peuvent se vanter de jouir d’une telle longévité, d’autant que cet aspect parfois décrié de la Stan est aussi et surtout ce qui fait sa force. A l’instar d’autres références intemporelles d’adidas comme la Superstar mais également de Nike, indissociable de sa Air Force 1, le classique de Robert Haillet a hérité d’un design rétro relativement simpliste qui offre des possibilités infinies de personnalisation. Cela permet aux équipes créatives d’adidas de le décliner à toutes les sauces, occasionnellement dans le cadre de collaborations, afin de le maintenir au goût du jour. En cuir ou en toile, avec des lacets ou des scratchs, et pour toute la famille, la Stan Smith n’a donc pas fini de se réinventer. En attestent les nombreuses versions proposées sur le site officiel de la marque allemande ainsi que chez la plupart des distributeurs spécialisés tels que Chausport. Vous y découvrirez ou redécouvrirez la Stan Smith au fil d’une sélection de paires pour la moins hétéroclite. De quoi vous convaincre peut-être d’enfin l’adopter à votre tour ou vous réconcilier avec elle si vous faites partie de ses détracteurs.