Prétendre que sans la Air Jordan 1 le ‘’phénomène sneakers’’ n’aurait jamais éclos serait tout simplement un mensonge. Pourquoi ? Tout d’abord parce que ces chaussures initialement conçues pour le sport que nous appelons aujourd’hui communément des sneakers ont rayonné sur et en dehors du cadre sportif bien avant la naissance du modèle avec lequel Michael Jordan a réalisé ses grands débuts professionnels en NBA. La Converse All Star, par exemple, a été lancée en 1917. Si l’on souhaite rester dans l’univers du basketball, nous pouvons également citer la adidas Superstar qui s’est révélée pour sa part sur les parquets américains en 1969, après le titre historique des Boston Celtics. De son côté, celle que l’on surnomme plus couramment la AJ1 a fait son apparition en 1985, ou plus exactement à la fin de l’année 1984, soit plusieurs décennies après les deux classiques de Converse et adidas.
La Air Jordan 1 n’a donc rien d’une pionnière. Si à l’époque Michael Jordan avait percé dans le baseball, et non dans le basketball, et que de ce fait la Air Jordan 1 n’était pas sortie de terre, nous porterions quand même des baskets quotidiennement. En revanche, sans elle, le ‘’phénomène sneakers’’ n’aurait sûrement pas pris une telle ampleur. Nous nous devions par conséquent de revenir sur sa success-story, d’autant plus que sa côte de popularité ne cesse de croître grâce aux nombreuses déclinaisons inédites dans lesquelles les designers de Nike et de la Jordan Brand continuent de la revisiter, et ce pour le plus grand plaisir de ses fans inconditionnels.
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Des parquets de la NBA à la rue, retour sur la success-story de la Air Jordan 1.
Avant de rentrer dans le vif de ce sujet pour partir à la découverte de cette icône qu’est aujourd’hui la Air Jordan 1, rappelons, au moins pour l’anecdote, qu’après son passage à l’université de Caroline du Nord (UNC), Michael Jordan souhaitait s’engager en faveur d’adidas. C’est sa mère qui lui a conseillé d’écouter la proposition de Nike. La force de persuasion de Sonny Vacaro a ensuite fait la différence, poussant le natif de Brooklyn à finalement rejoindre la firme de Beaverton au nez et à la barbe de son éternel rival allemand, et contre un joli chèque de plusieurs millions de dollars.
Air Jordan 1, un coup de poker plus marketing que créatif.
La première chose à savoir sur la Air Jordan 1 est que ce n’est pas réellement avec elle que Michael Jordan a foulé les terrains de la NBA pour la première fois. Le légendaire numéro 23 a effectivement débuté sa carrière professionnelle sous les couleurs des Chicago Bulls avec des Nike Air Ship aux pieds, un modèle désormais collector qui a en quelques sortes assuré l’intérim le temps que le designer Peter Moore finalise la Air Jordan 1, ce qui n’intervint pas avant le coup d’envoi de la saison 1984-85.
C’est pourquoi MJ a disputé chacun des matchs de la phase préparatoire des Bulls ainsi que quelques rencontres officielles de la saison régulière avec la Air Ship, dont l’un des coloris, en l’occurrence celui pourvu d’une base noire complimentée par des notes de rouge, s’est vite retrouvé dans le collimateur de la prestigieuse ligue de basketball américaine. Et pour cause, la NBA imposait autrefois un dress-code assez drastique à ses franchises et à leurs joueurs. Il fallait notamment que leurs chaussures comportent un minimum de blanc, ce qui n’était pas le cas de la Air Ship ‘’Bred’’, par contraction des couleurs noir et rouge en anglais. Celle-ci s’est ainsi vue bannie du championnat dans une lettre adressée directement à Rob Strasser, alors vice-président de Nike, le 25 février 1985.
Qu’à cela ne tienne. Aussi ingénieux sur le plan marketing que créatif, l’équipementier américain s’est saisi de cette décision pour créer le buzz autour de sa Air Jordan 1, la première véritable chaussure signature de Michael Jordan que le joueur n’avait jusque-là portée lors de matchs officiels qu’à de rares occasions, qui plus est dans sa version ‘’Chicago’’, une association de couleurs conforme en tout point aux exigences vestimentaires de la NBA. Pour cela, ses équipes en charge de la communication ont réalisé une vidéo publicitaire dans laquelle Michael Jordan lui-même fût mis en scène, revêtu comme il se doit d’une paire de Air Jordan 1 estampillée du fameux coloris banni, et avec une voix-off précisant que le port du modèle sur les terrains de la NBA avait beau avoir été interdit, rien n’empêchait les gens de l’acheter pour marcher avec dans la rue ou n’importe où ailleurs. Le mythe de la Air Jordan 1 est ainsi né, et il perdure depuis, non seulement grâce à ce buzz, mais aussi à la dimension intemporelle du design de Peter Moore.
Un design intemporel déclinable à l’infini (ou presque).
D’un point de vue purement technique et stylistique, la Air Jordan 1 s’inscrit dans la lignée des précédentes chaussures créées par Nike pour la pratique du basketball, à commencer par la Air Force 1, que vous pouvez toujours retrouver en bonne et due forme sur le site officiel de la marque ainsi que chez la plupart des distributeurs français et étrangers. A l’heure de l’âge d’or du cuir, Peter Moore décida en effet de coupler une tige montante dotée d’une base en cuir souple et de superpositions de la même matière à une semelle équipée elle aussi de caractéristiques ‘’empruntées’’ à la AF-1, à savoir un coussin d’air dissimulé dans son talon et un point de pivot circulaire sur sa partie extérieure. Pour compléter le célèbre Swoosh de Nike, Moore dessina un logo inédit baptisé ‘’Jordan Wings’’ qui demeure encore à ce jour l’un des emblèmes de la Jordan Brand. Il est traditionnellement greffé sur le haut du panneau extérieur des éditions High (montantes) et Mid (mi-hautes). Il figure aussi généralement à l’arrière des Air Jordan 1 Low (basses), Nike ayant pris l’habitude de nous proposer sa basket culte dans différentes coupes pour homme, autant que pour femme et enfant.
Air Jordan 1 ‘’Chicago’’, bien plus qu’un simple coloris.
La Air Jordan 1 a très vite été déclinée dans plusieurs coloris. Si le ‘’Bred’’ est assurément le plus historique, il n’est pas le plus populaire. Celui qui tient en haleine la plupart des sneakers addicts est celui que nous nous accordons à appeler ‘’Chicago’’, en référence évidemment à ses couleurs héritées de celles de la tunique revêtue depuis toujours par les Chicago Bulls. Il se caractérise par une structure reposant sur un exosquelette en cuir blanc complimenté par des empiècements en cuir rouge et noir associés par superposition, conformément au design imaginé par Peter Moore. C’est surtout lui que Michael Jordan a arboré entre 1984 et 1986, avant que la Air Jordan deuxième du nom ne viennent remplacer le Saint Graal de tout sneakers addict quel qu’il soit.
Off-White x Air Jordan 1 Retro High ‘’Chicago’’ – ‘’The Ten’’
L’engouement toujours intact, ou presque, des fans de baskets les plus aguerris pour la Air Jordan 1 ‘’Chicago’’ est aussi le fait de quelques réinterprétations devenues iconiques qui lui ont permis de s’adapter aux nouveaux standards de la mode streetwear, et ce même si le design et le coloris originels de Peter Moore sont et restent naturellement intemporels. Parmi ces réinterprétations figure la version conçue en collaboration par Nike et Off-White en 2017. Supervisé par son créateur Virgil Abloh, un artiste hors-pair qui a fait ses classes au côté de Kanye West, l’incontournable label milanais a apposé sa griffe sur la AJ1 ‘’Chicago’’ pour l’inscrire dans un registre déstructuré qui a inspiré plusieurs sneakers Nike telles que la Air Force 1 Shadow. Issue de la collection ‘’The Ten’’, cette empreinte évidemment inédite et à présent collector se distingue notamment grâce à son Swoosh latéral qui semble se détacher de la chaussure, ses surpiqûres, ses diverses étiquettes ainsi que les inscriptions réalisées au marqueur noir à la fois sur l’intérieur du pied et la semelle. La paire se monnaie aujourd’hui quelques milliers d’euros sur les sites de revente spécialisés, ce qui en dit long sur l’influence qu’elle a encore sur le footwear et plus encore sur le style cultivé par la firme de Beaverton depuis qu’elle a ouvert la porte de ses ateliers de création à Virgil Abloh.