Tinker Hatfield est à la basket ce que Gustave Eiffel est à l’architecture. Si nous pouvons nous permettre une telle comparaison, c’est à la fois parce que les deux hommes étaient architectes de métier et qu’ils ont tous deux bâti des monuments auxquels leurs noms resteront à jamais associés. Alors que l’œuvre majeure d’Eiffel est évidemment la tour édifiée en 1889 à Paris, celle d’Hatfield se contemple depuis 1987 aux pieds des amoureux de sportswear. Baptisée Air Max 1 en raison de la technologie d’amorti insérée dans sa semelle, sa célèbre sneaker à bulle est la première d’une longue série qui a tout simplement révolutionné l’histoire des sneakers.
Toujours très populaire, la basket qui fêtera ses 30 ans en 2017 dans le cadre du « Air Max Day » est un classique dont EMS vous dévoile les origines dans ce guide. De la naissance du système d’amorti Air aux influences architecturales desquelles s’est inspiré Tinker Hatfield pour créer son design, vous saurez tout sur la Air Max 1.
LES PRÉMICES DE LA TECHNOLOGIE AIR
Au début des années 1970, alors que la légitimité d’adidas et de PUMA ne souffrait d’aucune contestation, Nike était un tout jeune équipementier à peine créé qui avait encore tout à prouver. Comme nous l’expliquons dans l’histoire de la marque Nike, celle-ci n’a effectivement été fondée qu’en 1971. Mais cela ne l’empêcha pas de nourrir rapidement de grandes ambitions, notamment dans l’univers du running que ses fondateurs Phil Knight et Bill Bowerman connaissaient très bien.
Phil Knight, coureur de demi-fond pendant ses études, et Bill Bowerman, son ancien entraineur devenu associé, vont créer la Tailwind en 1977 avec l’aide de Frank Rudy. Ingénieur dans l’aérospatial pour le compte de la NASA, celui-ci frappa à la porte de Nike quelques mois plus tôt pour présenter aux deux entrepreneurs une innovation qui leur permettrait selon lui de se démarquer. Celle-ci consistait à insérer une capsule de gaz inerte en plastique dans la semelle de leurs chaussures de sport pour offrir un meilleur amorti aux athlètes. Désireux de s’imposer à tout prix dans l’univers de l’athlétisme et plus particulièrement de la course à pied, Bowerman et Knight vont voir dans la proposition de Rudy une véritable opportunité d’atteindre leur objectif là alors que certains de leurs concurrents ne lui accordèrent pas ou peu d’intérêt.
Commercialisée en marge du marathon d’Honolulu en 1978, la Tailwind est donc la première chaussure de Nike dotée d’une unité d’air. Conscient du potentiel de sa nouvelle technologie garante d’un amorti plus efficace et durable que la mousse (voir notre guide dédié aux semelles des sneakers), l’équipementier décidera logiquement de capitaliser dessus. Ses baskets entreront dès lors dans une nouvelle ère amorcée par la sortie de la mythique Air Force 1 en 1982. La AF1, comme elle est couramment surnommée, marquera le succès de Nike dans le basketball, alors en plein essor ; un succès tel qu’il en aurait presque fait oublier l’objectif initial de Phil Knight et Bill Bowerman : devenir le leader de la chaussure de running.
BOULEVERSER LES CODES DU RUNNING
Pour rectifier le tir, Tinker Hatfield sera appelé à la rescousse en 1985. Embauché 4 ans plus tôt en tant qu’architecte d’intérieur, le natif d’Halsey, dans l’Oregon, se verra confier la lourde tâche de créer une chaussure pour la course capable de s’imposer comme LA référence du genre.
Après avoir constaté que les habitués des salles de sport portaient quasiment tous les mêmes baskets, le tout juste promu designer commença par créer la Nike Trainer 1, un modèle multi-sport dans laquelle il inséra évidemment la technologie Air-Sole. En passant par la suite devant le Centre Pompidou au cours d’un séjour à Paris, il eût l’idée d’ouvrir la semelle de sa chaussure pour laisser entrevoir son coussin d’air comme la façade de l’édifice parisien avec sa structure. En parallèle, il exprima sa volonté d’intégrer toujours plus d’unités d’air pour encore mieux amortir les chocs lors de chaque foulée. Il montera dans cette optique une petite équipe en interne pour l’accompagner dans son projet fou baptisé tout naturellement « Air Max ».
La vue des semelles équipant les derniers modèles de la gamme Aix Max pourrait minimiser la prouesse accomplie par le designer américain. Pourtant, il s’agissait bien à l’époque d’une véritable révolution. Sur le schéma ci-dessus, on peut se rendre compte non seulement de l’espace occupé par la cellule Air-Sole au niveau du talon, mais aussi de l’importance de la fenêtre. Pour parvenir à l’insérer sans rehausser une semelle déjà plus épaisse que celle des autres chaussures de running, Tinker Hatfield a dû revoir la façon dont étaient réalisées les coutures. Celles-ci ont été déplacées pour laisser davantage d’espace à la bulle d’air.
Si l’idée d’un design comportant une bulle d’air ne fit pas l’unanimité au sein des dirigeants de Nike, Tinker Hatfield et son équipe purent compter sur le soutien de leur PDG Mark Parker qui, en plus de croire au projet « Air Max », misait gros sur ce coup. Après quelques ajustements et la vérification que les couleurs respectaient l’image que souhaitait véhiculer Nike, le feu vert fut donné pour la production et la commercialisation du tout premier modèle de la gamme : la Air Max 1. A coups d’importantes campagnes publicitaires impliquant entre autre Michael Jordan et John McEnroe, le groupe de l’Oregon réinvestit aisément le créneau du running dans lequel elle était jusqu’ici en difficulté. Il faut dire qu’avec sa tige blanche et rouge composée de suède et de mesh, la AM1 était vraiment séduisante.
La Air Max 1 est encore très prisée des amoureux de la gamme Air Max et de nombreux collectionneurs. A la fin des années 2000, Nike s’est rapproché du réalisateur spécialisé dans la culture urbaine Thibaut de Longeville afin de réaliser un reportage pour rendre hommage à Tinker Hatfield et son indémodable sneaker. Intitulé « Respect the architects », ce reportage que vous pouvez découvrir ci-dessous dévoile l’influence du Centre Pompidou sur le design de la basket et liste l’ensemble des parallèles qui peuvent être faits entre elle et l’architecture. Il constitue sans doute la meilleure source d’informations dont nous disposons à ce jour sur la AM1.
Déclinée dans de superbes coloris pour homme et femme, la Air Max 1 est devenue ce que nous pourrions appeler une denrée rare. Elle reste néanmoins disponible, chez une poignée de revendeurs traditionnels et plus encore sur les sites de resell de référence. Fabriquée à partir de matériaux plus légers, elle vous offrira un très grand confort et bien évidemment un style inégalé comme toutes les baskets Nike.