Il y a encore quelques mois, la Nike Dunk était surtout prisée par les amateurs de skateboards et une poignée de connaisseurs avides autant de coloris collectors que de culture sneakers. Aujourd’hui, force est de constater que la donne a bien changé. Soucieuse de redorer son blason, la marque au Swoosh en a fait sa nouvelle coqueluche, avec à la clé des dizaines de versions inédites parfois conçues en collaboration avec des artistes de renom, des skate-shops réputés aux quatre coins du globe et des labels de mode streetwear comptant parmi les plus influents de la scène internationale. Autant dire que Nike n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Pour autant, cette stratégie de redynamisation de la Dunk ne s’est pas opérée au détriment de son ADN, et encore moins de son histoire. Et cela tombe bien, car cette histoire, nous avons tenu à vous la raconter ici, sur EMS, où vous pourrez bientôt retrouver toute l’actualité de l’incontournable chaussure au côté de celle des autres baskets Nike.
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DES TERRAINS DE BASKETBALL AUX SKATEPARKS
Avant toute chose, repartons si vous le voulez bien au tout début des années 70, à l’heure où Phil Knight et son acolyte Bill Bowerman se sont affranchis de leur partenariat commercial avec Onitsuka Tiger pour créer officiellement la marque Nike. Alors qu’ils étaient jusqu’ici concentrés sur le running, les deux hommes d’affaires qui se sont rencontrés sur les pistes d’athlétisme de l’université de l’Oregon ont aussitôt tourné leur regard vers le basketball, une discipline alors en plein essor sur laquelle Converse et adidas régnaient en maître. Pour contrecarrer leurs plans, ou tout du moins essayer, Nike a ainsi sorti de terre deux silhouettes qui sont devenues des classiques dans la rue mais qui n’ont pas eu l’effet escompté sur les parquets de la NBA. Ces deux silhouettes respectivement lancées en 1972 et 1973, il s’agit de la Nike Bruin, que les fans de Retour vers le Futur connaissent très bien, et de la Blazer.
Le premier succès de Nike dans le basketball est finalement arrivé une dizaine d’années plus tard, grâce à Frank Rudy, qui a véritablement offert la technologie Nike Air à l’équipementier, et Bruce Kilgore, qui a su l’exploiter avec une efficacité redoutable en 1982 pour façonner ce monument de l’histoire des sneakers qu’est la Air Force 1.
La première page de l’histoire de la Nike Dunk a quant à elle été écrite en 1985.
Nike Dunk vs. Air Jordan 1 : une structure similaire, mais un destin différent.
Plus focalisée que jamais sur la conquête du basketball, la firme de Beaverton a réalisé cette année-là l’un des plus gros coups marketing de ces 35 dernières années en signant Michael Jordan au nez et à la barbe d’adidas, son éternel rival allemand. Et pour lui permettre de réaliser ses premiers pas professionnels de la meilleure des façons, comment pouvait-elle mieux s’y prendre qu’en lui créant une paire de baskets signature ? Baptisée en toute simplicité Air Jordan 1, cette fameuse paire a longtemps suscité la controverse à cause de l’un de ses coloris, en l’occurrence le noir et rouge surnommé ‘’Bred’’, qui ne respectait pas le code vestimentaire imposé à l’époque par la NBA. En réalité, le modèle incriminé par la ligue américaine était la Nike Air Ship, que Jordan a porté durant toute la phase de préparation des Chicago Bulls à l’aube de la saison 1984-85. Quoi qu’il en soit, ce qui nous intéresse le plus ici, c’est la structure de la Air Jordan 1. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison que celle de la Dunk en est grandement inspirée.
Et c’est tout sauf étonnant car en plus d’avoir vu le jour à seulement quelques mois d’intervalles, les deux références ont été conçues par un seul et même designer : Peter Moore.
Rappelons qu’au milieu des années 80, l’usage de mailles légères et respirantes telles que le mesh était loin d’être monnaie courante. Au contraire, à ce moment-là, et aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est le cuir qui avait la côte sur les terrains. C’est donc fort logiquement que Peter Moore en a pourvue l’essentiel d’une Nike Dunk avec laquelle il nous serait désormais inconcevable d’aller attaquer le panier, tant à cause de son poids que de son manque de flexibilité. Peut-être est-ce aussi parce que nous avons à présent l’embarras du choix, ce qui n’était pas le cas autrefois des basketteurs, et plus particulièrement des joueurs universitaires à qui la Dunk fut exclusivement réservée à son lancement. Peter Moore l’avait d’ailleurs initialement baptisée College Color High. Structurée autour d’une tige montante constituée d’empiècements en cuir associés par superposition et d’une semelle en caoutchouc dotée d’un point de pivot circulaire hérité de la Air Force 1, la Nike Dunk était effectivement destinée aux seuls pensionnaires des 12 plus grandes universités américaines aux couleurs desquelles elle fut immédiatement déclinée (cf. campagne ‘’Be True To Your School’’).
Si l’offre était indéniablement séduisante, tout du moins sur le papier, la Dunk a tout de suite souffert d’un certain manque de visibilité, à l’inverse de la Air Jordan 1 qui s’est immédiatement retrouvée sous le feu des projecteurs ; ceux-là mêmes que les medias américains avaient braqué sur Michael Jordan avant qu’il ne rejoigne les Chicago Bulls.
Nike SB Dunk : une reconversion dorée aux pieds des amateurs de skateboard.
Si le monde du basketball n’a jamais accordé à la Dunk le crédit qu’elle méritait sûrement autant que la Air Jordan 1, ce n’est pas le cas des amateurs de skateboard qui n’ont finalement mis qu’un peu plus d’un an pour en faire l’une de leurs baskets de prédilection. Séduits par sa semelle fine mais robuste, des pionniers du skate tels que Alyasha Owerka-Moore, Kamau ou encore Peter Fingerhut et Eli Gesner ont commencé à la porter dès 1987 jusqu’à ce qu’elle devienne incontournable dans les skateparks, tout d’abord de Californie, puis du reste des Etats-Unis. La reconversion de la Dunk va se prolonger ainsi pendant plus de 10 ans, poussant Nike à opérer sur sa version basse quelques ajustements techniques visant à favoriser la pratique de la glisse. Fruit de ces ajustements, la Nike SB Dunk est née en 2002, en même temps que la division Skateboarding de l’équipementier. Cette dernière se distingue de la Dunk d’origine via sa languette à la fois rembourrée et plus large, ses lacets ronds et sa semelle intermédiaire équipée de la technologie Nike Zoom. Adoubée par les skaters du monde entier, la silhouette estampillée du logo Nike SB est depuis incontournable, au même titre que sa ‘’petite sœur’’, à tel point qu’elles sont régulièrement revisitées par le fleuron du streetwear international dans le cadre de collaborations généralement très réussies.
Rien que cette année, la Nike SB Dunk s’est dévoilée dans plus d’une dizaine de déclinaisons inédites. Au niveau des collaborations, celle qui a fait la différence n’est autre que l’édition ‘’Astract Art’’ de Parra. A l’heure où nous rédigions cet article, la paire que les fans inconditionnels du modèle convoitaient était la Nike SB Dunk Low ‘’Fog’’, une itération qui peut paraître simpliste aux premiers abords mais dont la relative sobriété est sujette à d’infinies possibilités de matching. Vous pouvez la découvrir en détail sur The Sneakers Bible, un site qui s’apparente comme son nom l’indique à une véritable bible de la sneaker.
NIKE DUNK LOW OU HIGH : À CHACUN SON STYLE DE BASKET
Si vous comptez craquer prochainement pour une paire de Nike Dunk, il se peut que vous soyez en train de vous questionner sur sa coupe en plus évidemment de son coloris. Rassurez-vous, c’est tout à fait normal sur ces modèles qui puisent leurs racines sur les terrains de basketball. La première chose à savoir, c’est qu’une fois encore, la réponse à cette question épineuse dépend surtout de vos goûts. Il faut en revanche savoir que tout le monde n’est pas forcément à l’aise dans des baskets hautes, ou montantes. La sensation de blocage au niveau de la cheville peut effectivement s’avérer problématique. Dans ce cas, préférez la Dunk Low à la High. Attention toutefois à ne pas succomber à la ‘’hype’’ sous le seul prétexte que les dernières collaborations qui cartonnent sont majoritairement des ‘’low top’’. Le bon choix, c’est avant tout le vôtre, pas celui qui résulte de la tendance du moment.