Numéro un mondial de la basket, Nike fait partie depuis maintenant plus de 40 ans de ces marques qu’il n’est plus nécessaire de présenter. A la tête de gammes de chaussures connues de toutes les générations, l’équipementier fait aujourd’hui parler de lui autant par ses innovations technologiques que ses campagnes publicitaires aux budgets colossaux. Mais son leadership ne s’est pas acquis sans difficulté. Partis de rien, les fondateurs de Nike ont effectivement du gravir progressivement chaque étape de leur développement pour faire de leurs produits des best-sellers et ainsi maintenir leur avance dans un environnement marqué par une concurrence intense.
A travers ses grandes dates, quelques chiffres évocateurs et surtout un tour d’horizon de ses modèles les plus populaires, EMS vous invite à vivre ou revivre l’histoire de Nike. Pour en savoir plus sur le contexte dans lequel vos sneakers ont été créées ou tout simplement comprendre comment la firme a réussi à en arriver là, ce retour historique vous en apprendre davantage sur celle que l’on a pris pour habitude d’appeler « la marque au Swoosh ».
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LA NAISSANCE D’UN MYTHE DE LA SNEAKER
C’est donc aux Etats-Unis, et plus précisément dans l’Oregon, que Nike verra le jour et développera ses technologies qui ont révolutionné les baskets.
Tout part de la rencontre en 1950 de deux hommes : Bill Bowerman et Phil Knight. Respectivement entraîneur d’athlétisme à l’université de l’Oregon et étudiant en comptabilité, ceux-ci se rapprocheront rapidement grâce à l’athlétisme, une passion commune que Phil vit au rythme des courses de demi-fond. Trouvant les prix pratiqués par adidas et Puma trop élevés, ils décideront de créer la société Blue Ribbon Sports (BRS) dès 1964 pour importer et commercialiser des chaussures d’athlétisme à bas prix en provenance du Japon. Ils se tourneront dans cette optique vers Onitsuka Tiger, plus connue à présent sous le nom ASICS.
Vendues 7 dollars contre 9 pour celles des leaders allemands de l’époque, les Tiger trouveront initialement preneur au sein de l’équipe coachée par Bill Bowerman.
En 1965, Jeff Johnson rejoindra Blue Ribbon Sports en tant que commercial pour aider Phil Knight à développer le réseau de distributeurs de l’entreprise. Malgré leur réussite, les fondateurs de BRS ressentiront une certaine frustration causée par leur dépendance à leur fournisseur nippon. En effet, Bowerman, soucieux de mieux accompagner les athlètes dont il connaît très bien les besoins et les attentes, se verra confronté à l’impossibilité d’améliorer les Tiger. De son côté, Knight sera gagné par l’envie de vendre ses propres produits de fabrication américaine.
Quand a été créée Nike ? Et par qui ?
C’est pourquoi ils mettront un terme en 1971 à leur partenariat avec Onitsuka et rebaptiseront dans la foulée leur entreprise Nike, à l’initiative de Jeff Johnson. Le nom « Nike » fait référence à Niké, la déesse grecque de la victoire qui d’après l’histoire était capable de se déplacer à grande vitesse grâce à ses ailes. Ils adopteront dans la foulée le logo en forme de virgule inversée baptisé « Swoosh ». Dessinée par Carolyn Davidson, une étudiante de Phil Knight, le Swoosh symbolise la rapidité. Il fut acheté seulement 35$ et, pour l’anecdote, ne plaisait pas au professeur de comptabilité qui ne se voyait pas l’utiliser sur le long terme. Nike offrira finalement une bague en diamants gravé de son logo et 500 actions de la firme à Carolyn Davidson en 1983.
LES PREMIERS PAS DE NIKE DANS L’ATHLÉTISME
Si Bill Bowerman et Phil Knight disposent désormais d’une nouvelle entité pour concevoir et commercialiser leurs propres chaussures de sport, ils n’entendent pas abandonner le créneau de l’athlétisme ; une discipline qui n’a plus de secret pour eux et pour laquelle ils disposent d’un carnet d’adresses bien rempli.
Nike lancera ainsi en 1972 la Cortez, la toute première chaussure de son histoire. Née de l’imagination de Bill Bowerman, qui put enfin exprimer son savoir-faire acquis grâce à sa relation avec Onitsuka Tiger et bien évidemment ses connaissances de l’athlétisme, elle permettra à l’américain Steve Prefontaine de s’imposer sur 5 000 mètres aux JO de Munich la même année. Alors coaché par ce même Bowerman, Prefontaine sera considéré comme le premier sportif sponsorisé par l’équipementier, même si l’accord entre le coureur et Nike était officieux à cause de l’ancien règlement des Jeux Olympiques qui interdisait aux participants de prendre part à la compétition sous contrat avec une marque.
La Cortez, quant à elle, deviendra cette basket que le film Forrest Gump rendra célèbre dans les années 1980. Rééditée à plusieurs reprises, vous pouvez de nouveau la retrouver sur En Mode Sneakers dans une déclinaison de modèles en tout point fidèle à l’original de 1972. De sa semelle crantée à sa tige composée de cuir et/ou de nylon, toutes les caractéristiques de la chaussure classique ont été réintégrée à l’identique, ce qui lui confère un aspect vintage qui plaira à coup sûr aux amateurs de rétro-running.
DES DÉBUTS PROMETTEURS DANS LE BASKETBALL
En 1973, deux ans seulement après sa création, Nike va investir le monde du basketball, un sport en pleine expansion aux Etats-Unis où la NBA se révèle très prometteuse. Conscients que le chemin pour détrôner Converse et sa All-Star sera sinueux, Phil Knight et Bill Bowerman vont davantage chercher à réaliser un coup marketing plutôt que sportif.
C’est pourquoi ils miseront sur la Blazer, une chaussure en cuir souple au design sobre sur laquelle on remarque le Swoosh au premier coup d’œil. Leur objectif ? Développer la présence de Nike sur les terrains en véhiculant au maximum leur image de marque. Ils vont pour cela s’attribuer les services de George Gervin, surnommé « The Iceman » en raison de son tempérament de glace. Le joueur des San Antonio Spurs, alors considéré comme l’un des meilleurs marqueurs du championnat, jouera un rôle prépondérant dans la popularisation de la Blazer, un modèle qui l’aura finalement séduit par son confort et ses performances. Gervin en restera le porte-étendard jusqu’à l’entame des années 80, avant que Nike sorte la Air Force 1 puis la Air Jordan 1 quelques années plus tard.
ET NIKE INVENTA LA TECHNOLOGIE D’AMORTI AIR
S’en suivra une période particulièrement prolifique pour Nike au cours de laquelle naîtront la plupart de ses classiques.
Franck Rudy, ingénieur dans le domaine de l’aérospatial, poussera les portes de la firme américaine en 1977 pour proposer à ses dirigeants d’intégrer dans la semelle de leurs chaussures une cellule de gaz. Destinée à en améliorer l’amorti, cette cellule baptisée Air-Sole sera tout d’abord intégrée dans la Tailwind, un modèle conçu pour le running qui sera lancé en grande pompe pour le marathon d’Honolulu en 1978. Les retours des sportifs seront tous positifs et les 6 vendeurs qui proposaient la Tailwind sur l’île d’Hawaï se trouveront aussitôt en rupture de stock. La révolution Nike Air était déjà en marche !
Fort des succès de la Cortez et de la Tailwind, Nike entrera en bourse en 1981, un an avant de lancer un véritable mythe qui restera à jamais gravée dans son histoire : la Air Force 1.
Comme la plupart des autres chaussures de la marque, la Air Force 1 s’adresse à toute la famille. Les adultes autant que les plus jeunes peuvent en effet choisir leur paire dans des collections comprenant des modèles déclinés pour homme, femme et enfant. Parmi ceux-ci, vous pourrez donc retrouver la AF1, mais aussi les différentes gammes de Air Max, la Huarache ou encore la Presto qu’EMS vous présente plus en détail ci-dessous.
Jusqu’ici, l’entreprise fondée par Bill Bowerman et Phil Knight était étroitement associée à l’univers du running. Désireux d’étendre son leadership à d’autres disciplines, les deux entrepreneurs confieront à leur designer Bruce Kilgore la création d’une chaussure pour le basketball. Celui-ci partira sur la base d’un design simple pour concentrer ses efforts dans la conception d’une semelle performante. Il s’appuiera pour cela sur la technologie Air introduite par Franck Rudy pour mettre au point une bulle d’air qu’il insérera dans la semelle, au niveau du talon. Agrémentée de points de fixation, cette semelle fera l’unanimité auprès des basketteurs de la NBA et constitue toujours l’une des valeur-ajoutées de la Air Force 1.
Puis, en 1987, Tinker Hatfield viendra ajouter sa pierre à l’édifice en prenant ce que l’on pourrait appeler un « risque stylistique ». Embauché par Nike en 1981 en tant qu’architecte, Hatfield se verra confié 4 ans plus tard la création de la Air Max 1, une chaussure qui doit son nom à la volonté d’offrir au coussin d’air le maximum de place dans la semelle. Inspiré par l’architecture du Centre Georges-Pompidou à Paris, Tinker Hatfield optera pour une fenêtre ouverte qui laisse voir la fameuse bulle d’air comme on voit les différents niveaux du bâtiment parisien. La Air Max 1 est née et ouvrira la voie à de nombreuses déclinaisons que vous pouvez retrouver chez EMS.
Nike Air Max 90, 1990
Parmi ces déclinaisons se trouve la Air Max 90 qui fut commercialisée comme son nom l’indique à partir de 1990, soit 3 ans après le tout premier modèle de la gamme. Dans la lignée de sa « petite sœur », la Air Max One, la Air Max 90 avait pour vocation d’offrir un amorti amélioré grâce à une bulle d’air encore plus volumineuse. Le défi fut relevé haut la main par Tinker Hatfield qui, non content d’avoir pu allouer davantage d’espace à l’unité d’air dans la semelle, offrit à la chaussure plus de légèreté et une meilleure aération grâce à une empeigne en mesh. Dotée d’un design porté par des lignes de fuite évoquant le mouvement vers l’avant et la vitesse, la Air Max 90 reste un classique que Nike réédite toujours régulièrement.
Nike Air Huarache, 1991
Décidément l’homme des projets controversés de l’équipementier américain, Tinker Hatfield fera une nouvelle fois preuve d’audace en 1991 avec la Air Huarache. Cette fois, ce n’est pas après la visite d’un bâtiment qu’il trouvera l’inspiration, mais suite à une après-midi passée à faire du ski nautique, un sport qui nécessite l’usage de bottes comportant un chausson intérieur en néoprène. Séduit par le confort de ce chausson, il décidera de l’adapter dans une chaussure de running au design original qui sera par la suite déclinée pour le basketball. Avec son épaisse semelle évidemment dotée de la technologie Air, et avec surtout sa bande de caoutchouc qui s’étend de part et d’autre du talon, la Huarache viendra contraster visuellement avec la Air Force 1 et la Air Max 1. Mais elle réussira tout de même à s’imposer pour devenir une référence supplémentaire dans le catalogue bien rempli de Nike.
Nike Air Max 95, 1995
Le nom de cette autre basket culte de Nike ne laisse aucune surprise quant à son année de création. C’est bien en 1995 que la marque au Swoosh a fait appel au designer Sergio Lozano pour créer un modèle qui lui permettrait de redynamiser son offre running. Rappelons qu’à cette époque, le basketball connaissait une ascension si importante que son influence se ressentait déjà jusque dans les codes vestimentaires du streetwear. Pour relever ce défi, le désigné de Tinker Hatfield va s’inspirer de plusieurs éléments dont les stries visibles sur les parois du Grand Canyon et différentes composantes du corps humain. Cela aura soulevé quelques controverses en interne mais après avoir apporté plusieurs modifications à ses premiers croquis, Lozano va parvenir à une version de la Air Max 95 qui fera l’unanimité et qui connaîtra rapidement le succès.
Nike Air Max 97, 1997
Grâce aux progrès technologiques accomplis par Nike et un design aux inspirations multiples, Christian Tresser va atteindre l’objectif que s’était fixé Tinker Hatfield 10 ans plus tôt et donner par la même occasion tout son sens au nom « Air Max ». Commercialisée à partir de 1997, sa chaussure est effectivement la première de l’histoire de Nike à être dotée d’une semelle intermédiaire intégrant le plus d’air possible. Relancée en grande pompe en 2017, la Silver, telle qu’elle était surnomée en Italie, figure à présent parmi les sneakers incontournables de la marque.
Nike Air Presto, 2000
Alors qu’elle n’est sortie qu’en 2000, la Nike Presto est déjà considérée comme un modèle iconique. A l’image de la Presto Fly, dernière version en date, la marque au Swoosh compte bien la faire perdurer pendant encore de nombreuses années. Rien de surprenant à cela ! La chaussure créée par Tobie Hatfield, le petit frère de Tinker, dispose de sérieux arguments aussi bien visuels que technologiques qui expliquent pourquoi elle a séduit à la fois les coureurs et les férus de mode dès son lancement. Avec sa tige en mesh ultra-respirante et sa semelle agrémentée de rainures extérieures intégrant le système d’amorti Air-Sole, elle garantit tout ce que l’on est en droit d’attendre d’une sneaker : un confort irréprochable, une stabilité parfaite et bien évidemment un look ultra-tendance.
Nike Air Max Zero, 2015
Si sa sortie officielle remonte à 2015, la Air Max Zero reste le véritable point de départ de la gamme de chaussures à bulles de Nike. Conçue avant même la Air Max One, la Zero fut immédiatement jugée trop futuriste, ce qui contraint Tinker Hatfield, son créateur, à en modifier à la fois la forme et la structure. Celui-ci la mettra donc de côté au profit de la version emblématique de 1987, une chaussure visuellement très proche de son idée de départ mais plus conforme aux standards de la mode de l’époque et surtout techniquement réalisable. 30 ans plus tard, Graeme McMillan décidera de redonner vie à la Air Max Zero en mixant la structure dessinée par Tinker Hatfield aux dernières innovations technologiques de la firme.
LES CHUNKY SNEAKERS NIKE EMBLÉMATIQUES
Nike M2K Tekno, 2018
Plus le temps passe, et plus Nike fait preuve d’une incroyable capacité à imposer sa patte créative sur des courants stylistiques dont elle est parfois à l’origine. Après le basketball dans les années 80, le running dans les années 90 et les ‘’dad-shoes’’ au début des années 2000, la firme de Beaverton s’est lancée à la conquête des chunky sneakers, un mouvement qu’elle a cette fois rejoint sur le tas. Pour offrir aux femmes une alternative à sa Air Monarch, une silhouette résolument masculine, Nike va confier à Jin Hong la création d’une nouvelle basket à la ligne subtilement plus girly. Plutôt que de partir de zéro, cette dernière va chercher à féminiser la Monarch, près de 16 ans après la sortie de sa toute première itération. Le résultat, baptisé M2K Tekno, est bluffant. Malgré des ressemblances plus qu’évidentes, la chunky sneaker de la jeune designer se démarque davantage par sa ligne plus moderne que par ses touches de féminité. D’ailleurs, Nike a par la suite décidé de la décliner pour les hommes. C’est pour dire…
Nike Zoom 2K, 2019
Un an après avoir assisté au sacre de la M2K Tekno, nous aurions pu croire que la tendance des baskets à grosse semelle allait s’estomper. C’était bien évidemment sans compter sur l’imagination débordante des designers de Nike qui ont su révolutionner le genre en créant une silhouette inspirée non seulement de ses classiques du running, mais aussi et surtout de ses chaussures de basketball phares de la fin des années 90. La Nike Zoom 2K s’affiche ainsi dans un design à la fois surprenant et particulièrement réussi qui repose sur l’association d’éléments empruntés à cette même M2K Tekno, à la Air Max 95, et plus globalement aux ‘’chunky sneakers’’ de référence, dans un style qui n’est pas sans rappeler celui de la Uptempo. Véritable surprise du début d’année 2019, la Nike Zoom 2K a logiquement fait la une du blog d’EMS.
NIKE ET LE BASKETBALL, UNE GRANDE HISTOIRE
Alors qu’elle compte déjà dans ses rangs une flopée de joueurs stars conquis par sa Air Force 1, la marque au Swoosh investira encore un peu plus les parquets de la NBA en signant en 1984 l’un des plus importants contrats de sponsoring de son histoire avec le légendaire Michael Jordan. Le numéro 23 des Bulls, qui portait des Converse All Stars à l’université, chaussera à partir de 1985 des modèles créés spécialement pour lui, et ce malgré les amendes qui lui été infligées parce que ses chaussures ne respectaient pas les codes vestimentaires autrefois définis par la franchise. En 1988, le partenariat lucratif entre Nike et son ambassadeur débouchera sur la création d’une marque propre, la Jordan Brand, dont le logo remplacera définitivement le Swoosh en 1992.
Plus récemment, Nike a signé avec LeBron James un contrat à vie chiffré à plusieurs centaines de millions de dollars. Cette entente, qui permettra à la marque de s’assurer indéfiniment les services de l’ailier des Cavaliers de Cleveland à des fins marketing, reflète bien la volonté de l’équipementier de conserver sa suprématie sur le basketball.